TSA
Quels sont les signes de l’autisme ?
C’est une question légitime pour tout parent ayant le sentiment que « quelque chose ne va pas » dans le développement de son enfant et qui cherche des réponses sur la différence de comportement de celui-ci.
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est l’un des troubles du neurodéveloppement (TND).
La prévalence de ce trouble serait d’environ 1 personne sur 100 actuellement, dont 40 % avec déficience intellectuelle .
Cela touche 4 garçons pour une fille.
Quand on pose un diagnostic de TSA il faut rechercher un éventuel trouble associé.
Cela permet d’individualiser au plus près les besoins de l’enfant, le projet d’accompagnement et les futures prises en charges.
Le fonctionnement cognitif est également évalué ce qui permet de préciser la présence ou l’absence de déficit cognitif.
Une étude effectuée sur 2868 enfants de 8 ans présentant un TSA aux Etats Unis ( Levy et coll, 2010) montre que dans 82 % des cas les enfants avaient au moins un TND associé tels que :
- Un trouble du langage dans 63 %
- Un trouble d’apprentissage 6 %
- Un TDAH 21 %
- Un trouble psychiatrique 10% (trouble anxieux 4% , trouble du
comportement 4%, 2% trouble de l’humeur)
- Un trouble neurologique 16% (épilepsie 15,5 % , syndrome de
Gilles de la Tourette 0,5%)
Les signes de TSA pour les enfants de 0 à 6 mois :
​
- Les troubles des interactions sociales
• Ne pointe pas du doigt ou pointe dans le but d’obtenir quelque chose en échange et non pas pour partager un évènement. Par exemple pointe un gâteau quand il a faim mais ne pointe pas un avion qui passe dans le ciel pour le montrer à ses parents
• Semble ignorer les autres ou être craintif à l’idée d’entrer en contact avec eux. Cela peut passer pour de la timidité ou de la maladresse sociale
• Semble préférer l’isolement, la solitude et peut être fatigué et/ou énervé s’il n’a pas des temps sans interaction
• Anomalie du jeu : absence de faire semblant et/ou d’imitation sociale (dînette, petites voitures…)
- Les troubles de la communication verbale et non verbale
• Manque d’intérêt émotionnel ou social
• Bébé trop calme ou excité
• Absence de babillage ou peu de vocalisation : le babillage est la forme de langage utilisée par les tout petits. Il consiste en la formation de sons syllabiques tels que « ba »
- Autres manifestations
• Anomalies ou retards moteurs, troubles de la motricité, anomalie du tonus, défaut d’ajustement : bébé mou, raide
• Hypo ou hypertonie (hypo actif ou hyper excitable)
• Troubles du sommeil, sommeil très insuffisant ou difficulté d’endormissement
• Pleurs très fréquents sans raison apparente
Les signes de TSA pour les enfants de 6 à 12 mois :
- les troubles des interactions sociales
• Désintérêt pour les personnes
• Ne répond pas à son prénom : quand les parents l’appellent, le bébé ne tourne pas la tête vers eux ni ne manifeste de réaction
• Intolérance au contact physique : n’aime pas être porté, pris dans les bras, cela peut déclencher des pleurs ou des mouvements de recul
• Impression d’indifférence au monde extérieur : semble pensif et peu sensible à son environnement immédiat
• Peu de réaction à la séparation
• Absence de réactions joyeuses à l’arrivée des parents
• Absence ou faible attention conjointe : c’est la capacité à partager un évènement avec autrui, à attirer et à maintenir son attention vers un objet ou une personne dans le but d’obtenir une observation commune et conjointe. Le pointage est un exemple d’attention conjointe.
L’attention conjointe est liée au phénomène de la théorie de l’esprit
• Attention difficile à fixer, regard difficile à capter voir évitement actif du regard
- Les troubles de la communication verbale et non verbale
• Absence de geste d’anticipation : ne tend pas les bras quand on vient le chercher, ne met pas spontanément les bras pour se rattraper en cas de chute
• Pas d’imitation dans la communication gestuelle : faire « coucou », « au revoir », « bravo », « ainsi font font font »…
- Comportements répétitifs et restreints
• Sensibilité exacerbée aux modifications de l’environnement : changement de place des objets ou des meubles dans la chambre, introduction d’un nouveau jouet, changement de trajet pour aller au parc
• Réaction paradoxale au bruit : peut ne pas réagir à un bruit fort juste à côté de lui ou au contrainte sembler sensible à des bruits à peine audibles
Les signes de TSA pour les enfants de 12 à 24 mois :
Ce qui diffère des enfants de 6 à 12 mois :
- Trouble de la communication verbale et non verbale
• Absence ou retard de langage (pas de mots, phrases) sauf dans le cas des personnes autistes sans déficience intellectuelle qui peuvent développer le langage au stade normal pour un enfant voir précocement. Les enfants à fonctionnement cognitif supérieur à la moyenne peuvent avoir un niveau de langage soutenu dès le plus jeune âge
• Difficultés de communication réceptive comme expressive
• Absence d’imitation
• Langage limité, sans tentative de communiquer par la mimique ou le geste, fonctionne parfois en écholalie c’est-à-dire en répétant des mots ou des morceaux de phrases entendus à la télévision, à la radio ou lorsque ses parents parlent
- Comportements répétitifs ou restreints
• Manipulation étrange des objets : les faire tournoyer, les aligner, les sentir
• Mouvements inhabituels du corps : balancements, battements rapides des mains en ailes de papillons (hand flapping)
Les signes d’autisme pour les enfants de plus de 24 mois :
- Les troubles des interactions sociales
• Absence d’intérêt pour les autres enfants ou semble être craintif et/ou maladroit à l’idée d’entrer en contact avec eux. Cela peut passer pour de la timidité ou de la maladresse sociale
• Absence ou pauvreté des jeux, notamment les jeux de faire-semblant ou demander de l’imagination. Difficulté à inventer ou terminer une histoire ou à se représenter les sentiments et émotions des personnages
- Les troubles de la communication verbale et non verbale
• Langage dont l’objet n’est pas de communiquer ou d’échanger : cela peut prendre la forme de monologues ou de monopolisation de la conversation
• Tendance de l’enfant à répéter ce qu’on lui dit (écholalie)
• Façon inhabituelle de parler, par exemple : voix atone, arythmique, criarde ou chantante, ton monocorde, absence ou peu de variation dans la voix
• Inversion pronominale (« tu » à la place du « je »)
- Comportements répétitifs ou restreints
- Préoccupation persistante pour certaines parties d’objets : fait tourner la roue d’une petite voiture au lieu de jouer avec
- Attachement inhabituel à des objets, l’enfant peut être fortement déstabilisé si on lui retire
- Insistance à poursuivre les actes routiniers strictement et dans le détail : emprunter le même trajet pour se rendre au parc ou à l’école, faire différentes actions toujours dans le même ordre avant de se coucher, aligner toujours les peluches de la même manière. Si le rituel ne peut être accompli cela entraine généralement un changement de comportement important (tristesse, colère, mutisme…).
- Inconsolable face au changement même minime dans l’environnement : changement de la place des meubles dans la chambre, rencontre d’une nouvelle personne, nouveaux vêtements…
- « main outil » : l’enfant utilise la main de l’autre pour attraper des choses
Comment reconnaitre les signes de l’autisme chez l’adulte ?
Chez l'adulte on retrouve les mêmes alertes que chez l'enfant TSA, avec quelques évolutions liées à l'âge et à l'expérience acquise. Certains signes peuvent néanmoins alerter :
• Difficultés persistantes au niveau des relations sociales.
• Manque d'empathie et décodage difficile les intentions d'autrui.
• Surcharges sensorielles.
• Intérêts spécifiques.
• Besoin d'avoir des routines pour se rassurer.
• Peut disposer de compétences exceptionnelles.
• Souffre de troubles du sommeil et d'anxiété.
• Parle avec une prosodie, c’est-à-dire une intonation particulière.
Le ratio femme / homme est de 1 / 4
Pourquoi les femmes sont-elles moins diagnostiquées ?
Selon plusieurs études, les femmes autistes utilisent davantage que les hommes des stratégies de camouflage pour masquer leur fonctionnement autistique.
La stratégie de dissimulation consiste à un ajustement des comportements sociaux tels que :
- Évitement des situations sociales dans lesquelles la personne autiste pourrait se dévoiler, s’épuiser ou craquer »
- Cacher certains aspects de sa personnalité pour ne pas se différencier de la norme »
- Réprimer ses comportements atypiques : autostimulations, battements, tripotages, balancements, contorsions, grattages, tapotements, vocalises… »
- Chercher à ressembler au groupe (ex. coupe de cheveux, langage, centres d’intérêt) »
- Utilisation des signaux sociaux de base pour montrer sa volonté de socialiser
Les comorbidités des TSA sont les mêmes pour les femmes et les hommes. Chez les femmes autistes, les troubles associés sont généralement plus intériorisés : anxiété, troubles alimentaires, dépression. Ils peuvent être à l'origine d’un retard de diagnostic car ils sont mieux connus que l'autisme et donc considérés comme l'unique cause des difficultés. Des troubles des fonctions exécutives et troubles de l'attention peuvent également être présents chez les femmes autistes.
Critères diagnostiques du TSA selon le DSM 5 (5e édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) :
Le diagnostic de TSA
Il est essentiellement clinique, basé sur les critères du DSM5.
La première étape consiste à éliminer une déficience intellectuelle sévère,
un trouble sensoriel ou un autre trouble psychopathologique.
L’interrogatoire reprend de façon précise toutes les étapes du
développement et recherche les particularités propres à ces enfants,
ainsi que leur retentissement passé et actuel.
On peut également s’appuyer sur des échelles, tests et questionnaires évaluant les
compétences en communication, les interactions sociales et la trajectoire
développementale.
Ces outils permettent de conforter des impressions cliniques mais n’ont pas de valeur diagnostique.
Dans les situations les plus complexes, on peut recourir à l’expertise d’un
professionnel spécialisé dans le domaine, qui complétera éventuellement
son évaluation de tests diagnostiques comme l’ADI-R ou l’ADOS.
L’idée forte est de savoir différencier la symptomatologie de l’enfant
porteur de TSA de celle d’un enfant à haut potentiel intellectuel. Certains
enfants porteurs de troubles du spectre de l’autisme (TSA) ou à haut
potentiel intellectuel (HPI) présentent des caractéristiques communes qui
peuvent surprendre ou interpeller.
Le challenge est de savoir à quel champ rattacher cette séméiologie
particulière, sans oublier que ces deux profils peuvent aussi coexister !
Olivier REVOL
La démarche diagnostique est essentiellement clinique et nécessite de
bien connaître les spécificités de chaque entité.
​Réalités Pédiatriques – n° 252_Novembre 2021
D. ROCHE, O. REVOL UERTD – Service de psychopathologie du développement de l’enfant et de l’adolescent, CHU, BRON.