TDA / H
Le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité-impulsivité (TDA/H) concernerait 5,9% des enfants et 2,8% des adultes dans le monde, selon la Déclaration de consensus international de la World Federation of ADHD (mise à jour en 2023).
La représentation qu’on s’en fait est souvent celle d’un enfant qui saute partout, fait bêtise sur bêtise, épuise son entourage, sème ses affaires sur son chemin et oublie tout partout.
Cet enfant hyperactif (le H de TDAH est bien présent) existe, vous en connaissez sûrement, mais il ne représente pas tous les TDAH, loin de là !
D’autres signes, d’autres manifestations devront attirer votre attention.
Si la dominante de ce trouble est attentionnelle, on aura par exemple un enfant « dans la lune », souvent perdu dans ses pensées, même quand il doit faire ses devoirs, et on pense qu’il ne fait pas d’effort. On lui demande d’aller se brosser les dents, et on le retrouve un moment plus tard dans la salle de bains, l’eau du lavabo coulant, plongé dans une histoire avec un jouet ou dans un livre. On lui parle, on lui demande de venir à table ou de mettre ses chaussures pour sortir, et littéralement, la plupart du temps, il ne vous entend pas ! A l’école, on lui reproche de ne pas écouter, de ne pas faire d’efforts, de ne pas assez participer alors qu’il parait en avoir les capacités…
Souvent, les filles chercheront plus que les garçons à s’adapter au mieux à leur environnement, et feront l’effort de se montrer attentives en classe, réfrèneront leurs envies de bouger (qui ne s’exprimeront que par des bavardages un peu trop fréquents), et réussiront à faire ce qu’on attend d’elles au prix d’un temps démesuré pour effectuer son travail à la maison, luttant sans cesse contre leurs fluctuations attentionnelles.
Cela peut évidemment concerner aussi les garçons, moins fréquemment cependant, les symptômes s’avérant fréquemment plus manifestes que pour les filles. Pour les deux, cet effort énorme de contrôle en classe se paie à la maison : besoin frénétique de courir ou de parler, agitation, énervement, crises apocalyptiques pour la moindre contrariété, et des parents épuisés qui ne comprennent pas : comment cet enfant, fille ou garçon, si parfait à l’école ou au collège, ou chez les camarades qui l’invitent, peut-il être si infernal à la maison ?
Pour les plus grands ou les adultes, les manifestations seront différentes. On a appris à s’adapter au fil du temps, inattention ou hyperactivité se manifestent de manière différente : on ne peut travailler que de manière désordonnée, commençant tout sans rien terminer, procrastiner très longtemps pour boucler une révision, un devoir ou un travail dans l’urgence absolue au prix de deux ou trois nuits blanches, on s’agite constamment en tous sens, on ne peut rester une heure dans un cours ou une réunion sans besoin de se lever, sortir ( soi-disant pour aller aux toilettes ), pianoter sur son téléphone...
Ou bien on doit tout noter pour tenter de ne rien oublier, inondant sa chambre, son bureau ou le frigo d’un chapelet sans fin de post-it, on multiplie les listes qu’on ne suit pas toujours (et pour les plus soucieux, pour espérer ne pas se perdre, établissent des listes de listes !), on passe son temps à chercher ses clés, son porte-monnaie, son livre, son cahier, on appelle ou reçoit l’appel d’amis chez qui on a oublié sa veste, son étui à lunettes, on visite régulièrement les objets trouvés, espérant y retrouver le sac oublié dans un bus…
On adopte parfois des conduites à risques pour extérioriser cette énergie ou tenter de calmer cette tension permanente : sports extrêmes, conduite automobile dangereuse, usages d’alcool ou de substances pouvant aller jusqu’à l’addiction…
Une dernière chose : lors des cours, de réunions, de repas de famille, dans un restaurant, regardez sous les tables : les jambes s’agitant frénétiquement vous en diront plus que ce que l’apparence calme et posée du haut du corps cherche à montrer…
Vous vous pensez concerné ? Ces petites saynètes évoquent vos enfants ? N’hésitez pas à nous contacter, nous répondrons à toutes vos question !
Définitions
Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité est défini comme « un syndrome hétérogène qui se manifeste différemment d’une personne à l’autre ». Il existe aujourd’hui un consensus international (voir référence plus haut) pour considérer qu’en chercher une cause unique, génétique ou environnementale, ne permettrait pas de cerner les causes de l’apparition du trouble. Même si « les associations entre les facteurs environnementaux et l’apparition du TDAH ont atteint un niveau de preuve très élevé (…), il est possible que les associations soient dues à une corrélation entre des effets génétiques et environnementaux ».
Le DSM5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) décrit le TDAH selon trois modes : un mode persistant d’inattention dominant, un mode persistant d’hyperactivité-impulsivité, enfin un mode combiné, où les deux modes précédents s’avèrent élevés. On parle de mode persistant pour prendre en compte le fait que les symptômes suivants (voir ci-dessous) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a directement des conséquences négatives sur les activités sociales et académiques/professionnelles » :
1. Inattention
• a) Souvent ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d’autres activités (ex : néglige ou oubli des détails, le travail n’est pas précis).
• b) A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux ( ex : a du mal à rester concentré durant un cours, une conversation, la lecture d’un texte long).
• c) Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement (ex : leur esprit paraît ailleurs, même en l’absence d’une distraction manifeste).
• d) Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles (ex : commence le travail mais perd vite le fil et est facilement distrait).
• e) A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités (ex : difficultés à gérer des tâches séquentielles ; difficultés à conserver ses outils et ses affaires personnelles en ordre ; complique et désorganise le travail ; gère mal le temps ; ne respecte pas les délais fixés).
• f) Souvent évite, a en aversion, ou fait à contre-cœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu (ex : le travail scolaire ou les devoirs à la maison ; pour les adolescents et les adultes, préparation de rapports, formulaires à remplir, revoir un long article).
• g) Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités (matériel scolaire, crayons, livres, outils, portefeuille, clés, papiers, lunettes, téléphone mobile).
• h) Souvent se laisse facilement distraire par des stimuli externes (pour les adolescents et les adultes, cela peut inclure passer du « coq à l’âne »).
• i) A des oublis fréquents dans la vie quotidienne (ex : faire les corvées, les courses ; pour les adolescents et les adultes, répondre à ses appels, payer ses factures, respecter ses rendez-vous).
2. Hyperactivité et impulsivité
• a) Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège.
• b) Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis (ex : se lève de sa place en classe, au bureau ou à son travail, ou dans d’autres situation qui nécessitent de rester assis).
• c) Souvent, court ou grimpe partout, dans les situations où cela est inapproprié (remarque : chez les adolescents ou les adultes, cela peut se limiter à un sentiment d’agitation).
• d) A souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir.
• e) Est souvent "sur la brèche" ou agit souvent comme s’il était "monté sur ressorts" (ex : incapable ou inconfortable de se tenir immobile pendant un long moment, comme dans les restaurants, les réunions ; peut être perçu par les autres comme agité, ou comme difficile à suivre).
• f) Souvent, parle trop.
• g) Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée (ex : termine la phrase de leur interlocuteurs ; ne peut attendre son tour dans une conversation).
• h) A souvent du mal à attendre son tour (ex : lorsque l’on fait la queue)
• i) Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (ex : fait irruption dans les conversations, les jeux ou les activités ; peut commencer à utiliser les biens d’autrui, sans demander ou recevoir leur autorisation ; pour les adolescents et les adultes, peut s’immiscer ou s’imposer et reprendre ce que d’autres font).
Pour le diagnostic médical (seul un médecin spécialisé : psychiatre, pédopsychiatre, neurologue, peut poser un diagnostic. Il pourra éventuellement s’appuyer sur des éléments de bilans émanant d’un neuropsychologue ou d’un psychologue, mais un diagnostic est toujours médical, se basera sur la persistance des symptômes, et sur la gêne que ceux-ci entrainent dans la vie quotidienne.
Le médecin formé aux différences neurodéveloppementales saura également s’assurer qu’il s’agit bien d’un TDAH, et ni d’une difficulté éducative, ni d’un autre trouble accompagné parfois de symptômes attentionnels (les TSA (Troubles dans le Spectre de l’Autisme) par exemple s’accompagnent fréquemment de troubles attentionnels). Il pourra vous proposer un traitement susceptible de vous aider, traitement comportemental (toujours en première intention, indispensable quoi qu’il en soit), et parfois médicamenteux.
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"L 'hyperactivité est un symptôme pas un syndrome"
Olivier REVOL
A propos du méthylphénidate : les réseaux sociaux en France font régulièrement état des dangers que pourraient représenter les traitements médicamenteux prescrits pour réduire les effets d’un trouble de l’attention (Ritaline, Médikinet, Concerta, etc.). Ceux prescrits en France utilisent principalement une molécule dopaminergique : le méthylphénidate.
Cette molécule est prescrite dans le monde entier depuis plusieurs décennies ; elle a fait l’objet de multiples études, analyses, méta analyses, concernant des centaines de milliers de personnes, enfants, adolescents, adultes. Toutes confirment l’efficacité de cette molécule dans le traitement des symptômes les plus invalidants du TDAH, sans risque d’addiction ni de dépendance (beaucoup l’utilisent pour travailler, ne la prennent pas pendant les week-ends ou les vacances, et la reprennent pour reprendre leur activité, retrouvant quasi instantanément les bienfaits qu’ils en tirent) ; les quelques effets secondaires observés parfois sont sans commune mesure avec les bénéfices qui en sont retirés, changeant radicalement la vie d’enfants, adolescents ou adultes dans un sens positif… et celle de leur entourage également !
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Elle est prescrite sous contrôle médical strict, la surveillance des patients concernés est constante.
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Pour les plus scientifiques d’entre vous, nous vous invitons à prendre connaissance des multiples analyses et méta analyses de Samuel Cortese, Professeur à l’Université de Southampton.